Jeune séminariste se préparant à partir pour continuer mes études en France, j’avais vu de loin « l’homme en blanc ». J’étais fier, très fier, comme tous mes compatriotes. Nous « mangions » ses paroles. Tout cela nous semblait tellement incroyable. Aujourd’hui encore résonne en moi la dernière phrase de son homélie : « Que descende L’Esprit Saint et renouvelle la face de la terre, de cette terre ».
Des paroles prophétiques… Aujourd’hui, la Pologne est un pays libre. Tous les Polonais savent que ce serait impossible sans cette « homme en blanc ».
J’ai eu la joie de rencontrer Jean Paul II de loin, de près, de très près plusieurs fois dans ma vie, mais j’ai l’impression que jamais je n’étais plus près de lui qu’aujourd’hui.
Qui est pour moi cet homme ? Je ne sais pas exactement, mais en l’écoutant, en le voyant à la télé j’ai souvent les larmes aux yeux… Je comprends mes compatriotes qui disent qu’ils ont perdu un père. Je regarde avec beaucoup d’émotion et de joie mes frères et sœurs de Pologne qui se tiennent par la main. Le mot « Solidarność » (Solidarité) qui commençait à perdre son sens revit. De la mort surgit la vie.
« Pourvu que ça dure » entend-on partout.
Ce que j’ai plus admiré en Jean Paul II, c’est son combat pour la vie, de la conception jusqu’à la mort. Prêt à rencontrer n’importer qui, prêt à aller n’importe où pour que la vie emporte sur la mort.
Et puis son humour… Il aimait plaisanter (surtout en polonais), on voyait longtemps sur son visage la joie de vivre, le bonheur de pouvoir servir l’Eternel dans l’allégresse.
Un homme qui croyait en l’Homme comme il croyait en Dieu !
Quelques minutes après la mort du pape, j’ai reçu un coup de fil de Véronique me disant que toutes les cloches sonnent à Douai. J’ai décidé de faire sonner les cloches de Vred. N’étant pas assez dégourdi, je n’ai pas réussi à les faire fonctionner. Après une courte prière, déçu, je quittais l’église quand une personne entrait. Une jeune femme, avec des béquilles, atteinte de la sclérose en plaque : « Je ne sais pas prier, je ne suis pas croyante – m’a-t-elle dit – mais je suis venue car cela doit être dur pour vous, pour la communauté chrétienne et je tiens à vous soutenir dans votre peine. »
Quelle belle leçon pour moi, pour ceux qu’on appelle « chrétiens », pour l’Eglise…
Adam Dobek